Circuler à Singapour : y a tout à voir

Les embouteillages sont rares, on prend le métro (MRT, Mass Rapid Transfer), le bus ou le taxi sans souci. Tout cela roule bien à la satisfaction des clients,  même si les chauffeurs de taxi disent ne pas gagner assez (En moyenne 1200 S$/mois soit 600 euros ).

Mais à quel prix ? Voilà la question.

En 1990 le gouvernement met en place une taxe (COE, Certificate of Entitlement) sur les véhicules, dont le prix est ajusté en fonction du nombre de véhicules en circulation qu’il juge acceptable pour une bonne fluidité de la circulation. L’idée est simple et le résultat obtenu est le suivant :

Pour une population d’environ 4,3 millions d’habitants, la population de véhicules est de 800.000, soit un peu moins de 1 pour 5 habitants, y compris les nombreux taxis, bus et camions. C’est peu pour un pays dont le niveau de vie n’est pas loin de celui de l’Espagne. C’est beaucoup si l’on sait qu’il faut payer près de 140.000 S$ - soit 70.000 euros - de taxe COE pour acquérir une voiture. Débourser 200.000 S$ pour une Mercedes ou une BMW ou 170.000 S$ pour une Peugeot, la faible différence fait que l’on voit ici bien plus de grosses allemandes que de petites françaises !

Là dessus, pour dissuader ces voitures de circuler en centre ville, un autre système vient renforcer l’arme de selection financière, l’ERP, Electronic Road Pricing, le paiement routier électronique, dont s'est inspiré Londres, prélèvement automatique d'une somme qui va jusqu’à 7,5 S$ lorsque la voiture passe sous le portique d’entrée dans la zone. Et côté parking, c’est la même musique.

La voiture coûte dons très cher, même si l’essence est à 0,75 euros le litre. Certains ne la sortent que le dimanche…mais ils font partie de ceux qui en possèdent une !

Le ministère des Transports, qui a établi ce contrôle drastique basé sur la sélection par l’argent, a en parallèle développé les transports en commun avec une efficacité remarquable.

• Le métro MRT est un modèle. Les Français ont contribué à sa mise en place. Les fréquences sont telles qu’il y a peu à attendre pour voir arriver une rame. Et le temps d’attente est affiché. Il est confortable, sûr, avec 40 caméras de contrôle dans une station, par exemple. Le système de paiement, commun au MRT au service de bus, est d’une grande simplicité. Paiement électronique sans contact, déduction automatique d’un prix forfaitaire si vous oubliez de présenter la carte dès la prochaine utilisation de la carte. Ca m’est arrivé.

• Les bus sont climatisés, un écran plasma diffuse une émission télé. Le conducteur ne touche pas à l’argent : à chacun de venir avec la monnaie pour payer le ticket comme dans les sorties d’autoroute chez nous et vous récupérez le ticket sans l’intervention du chauffeur. Comme pour le MRT, un système d’affichage du temps réel d’arrivée du prochain bus est a l’essai.

• Les  taxis ont un compteur qui affiche le prix de la course : aucune surprise. Le prix est fixé par le gouvernement et pas question de manifester sont désaccord : 2,50 $S pour la prise en charge, la course normale coûte moins de 10 S$ (5 euros) 

Pour 2020 il est prévu que la population augmente de 50 %, seuil de rentabilité pour les infrastructures du pays ! Soit une augmentation de 400.000 véhicules si le nombre reste proportionnel à la population, alors que dans le même temps il n’est prévu que 9 à 12 % d’augmentation de la capacité routière. Embouteillages assurés ! Alors, mis à part une augmentation de la couverture du système ERP, il faudra modérer – financièrement, par la taxe COE - la croissance du parc automobile et trouver des moyens techniques pour améliorer la fluidité de la circulation.

Quoi que l’on en pense des moyens choisis, les systèmes de transport sont sous contrôle et régis globalement. Et venant de Colombo, quel contraste ! Un chauffeur de taxi me disait qu’il prenait les transports en commun lorsqu’il ne travaillait pas… Il a tout dit. 

(Source : The Straits Times du 10 mars.)